La vie m'a détruite / construite

Publié le 9 novembre 2024 à 11:10

Un jour, une thérapeute m'a dit "pour en arriver là où j'en suis, à pouvoir accompagner les autres, la vie m'a détruite".


Issa Padovani dans une de ses vidéos affirme que nous avons deux volontés : celle de la personnalité, et celle de notre âme ou de notre partie supérieure, celle qui a déjà décidé de vivre certaines expériences pendant le temps qu'elle allait passer sur Terre.
De ces deux volontés, laquelle peut effectivement être détruite ?

 

Quel sens peut avoir alors cette impression d'avoir eu une vie "détruite" ?

 

 

Comment se fait-il que certaines personnes obtiennent ce qu'elles veulent et d'autres non ? Comment expliquer que certains vont réaliser leurs rêves sur cette Terre et d'autres les voir se briser un à un et pour la plupart d'entre nous un subtil mélange des deux ?

 

Qui rêve en nous ? Qu'est-ce qui fait la différence entre une personne qui réussit et une autre qui échoue ?

Est-ce vraiment comme les coachs, et certains maîtres spirituels le disent une différence de volonté ?

Nos pensées créent-elles réellement le monde dans lequel on vit ?

A-t-on les pleins pouvoirs sur notre réalité ? Et si tel était le cas, alors comment pourrait-on avoir des humains affirmant avoir mené une vie "brisée" ?

 

A mesure qu'on avance dans les âges de la vie, nos rêves changent.

De celui d'être "psychologue pour animaux", à "maîtresse d'école" ou encore "créer un centre de formation pour adulte", chacun avait une importance forte à un instant t, puis soit il s'est émoussé, soit il s'est réalisé.

 

"Il y avait tant de projets que j'ai laissé en l'air" nous disait Charles (Aznavour) dans sa chanson. Qui en nous imagine ses projets ? Dans quel but ?

 

Adultes et ados, on entre dans la sphère sociale et on se sensibilise à "ce dont le monde a besoin", "ce que les autres acceptent et rejettent" et ainsi nos projets prennent la forme d'une adaptation à notre environnement direct. Parfois, ça nous est bénéfique car cela résonne avec une dimension en nous qui s'épanouit dans le projet, et parfois c'est une (sur-) adaptation qui nous fait nous contorsionner dans tous les sens pour répondre à l'injonction du projet social dans lequel on s'est glissé, et on peut y laisser des plumes.

Car fondamentalement, aux plus jeunes âges de nos vies, on ne se connaît pas très bien.

On teste et on constate les environnements qui nous ont été porteurs, et les autres qui nous ont entamé dans notre soif de vivre, notre curiosité, notre assurance à nous sortir de toute situation.
Ainsi dans nos jeunes années, on peut s'adapter comme de parfaits caméléons et souffrir d'autant d'efforts contre notre propre nature.

 

C'est ce qui m'est arrivé. Dans le monde du travail, les préoccupations étaient différentes que celle dans le monde associatif ou familial, et les initiatives que j'avais étaient toujours une réponse au milieu dans lequel j'évoluais, sans m'interroger sur la question fondamentale : "est-ce que je veux vraiment initier ceci dans cet environnement ? Est-ce que ça correspond à un de mes besoins profonds ? Ou bien est-ce que je le fais parce que je ressens que ceux qui m'entourent et sont gentils avec moi m'apprécierait si je le faisais, ou bien impressionnerait les gens avec qui je travaille ou bien encore me permettrait d'accéder à un statut pompant qui me rendrait très fière ?"

Tous ces moteurs là sont également des besoins fondamentaux, il n'y a pas à les juger inférieur : besoin d'être aimé, d'appartenir, d'accomplissement, de contribution ... Cependant, la stratégie qu'on imagine à l'instant t pour les nourrir est peut-être une sur-adaptation qui ne me correspond pas vraiment et qui va me coûter plus qu'elle va réellement me nourrir.

 

Enfant, on est beaucoup moins sujet à cette pression sociale qui infléchie notre processus créatif naturel, alors les idées qui nous viennent pour ce qu'on veut devenir, nos rêves sont beaucoup plus proches de notre essence, de ce qui est évident pour nous.

Ensuite, la sphère familiale consciemment ou non va influencer sur ces graines de vivant en nous : est-ce que cette voie est assez sûre aujourd'hui, va-t-elle t'apporter suffisamment de sécurité financière, de stabilité de l'emploi ? Si le milieu social dans lequel on évolue est plutôt aisé ou non, influe : les parents les plus modestes encourageront à priori les carrières aisées pour que les enfants obtiennent ce que eux n'ont pas eu.

Et ceci se fait de manière plus ou moins consciente et clair, ce qui fait qu'on se retrouve à choisir une voie pour les autres plutôt que réellement pour soi.

 

Vient ensuite les obstacles sur la route, les remise en question plus ou moins fortes selon qu'on s'est éloigné plus ou moins de notre trajectoire de vie initiale, celle qui serait rentré davantage en résonance avec ce qu'on est venu apporter comme énergie sur Terre.

Et c'est là que le duel entre volonté de la personnalité (acquise, adaptée à son environnement, à des croyances de ce qu'on a compris que le monde attendait de nous, résultat de nos conditionnements, de notre besoin de sécurité exacerbé) et la volonté de notre partie supérieure (celle qui ressent les situations qui sont justes pour nous de vivre, celle qui rend simples et clairs nos choix, celle qui nous guide par synchronicité, occurrence quasi magique, qui rend notre visage souriant et radieux) commence.

C'est un duel pour lequel chacun a différents atouts pour le cadrer.

Nous sommes bien inégaux face à ce duel, mais chacun d'entre nous sur cette planète aura à le rencontrer tôt ou tard sous des formes qui lui seront bien propres.

 

Souvent, lorsque la volonté supérieure devient claire "il te faut quitter ton conjoint", "tu dois partir de ce travail", "cette environnement ne bénéficie pas à ta créativité" que la volonté de la personnalité va freiner des quatre fers et faire entendre que c'est impossible pour nous de la suivre cette volonté supérieure.

Pour peu que notre mental analytique s'y mette à énumérer tout un tas d'arguments, chacun plus brillant que les autres, et que le conflit intérieur s'intensifie.

Ce que cette volonté de la personnalité veut faire entendre peut prendre ces formes :

"Mais tu peux pas tout lâcher maintenant, tu te rends compte, de tous les efforts qu'on a mis pour construire tout ça ???"

"Ah tu veux tout lâcher mais la persévérance dans tout ça? On est pas lâche nous, on va s'accrocher jusqu'au bout."

"Mais que va-t-on penser de toi si tu renonce à cela ? Tu te rends compte, tu as un statut social, une réputation, les gens comptent sur toi".

"Qu'est-ce que tu proposes à la place ? C'est beaucoup moins glorieux que ce qu'on a construit, je ne peux pas t'autoriser à tout détruire comme ça sur un caprice".

 

A chaque fois, notre personnalité a un besoin très fort qu'elle veut défendre et protéger à tout prix, et c'est bien naturel.

On commence à sortir de la bataille quand chacune des deux ou même plusieurs parties veulent bien se réunir pour discuter ensemble.

Ça demande du temps car certaines parties sont plus ou moins sauvages et font plus ou moins peur à d'autres parties.

Ce dialogue est facilité par le processus de CNV initié par Marshall Rosenberg car il permet d'avoir une clarté sur la posture à adopter pour que chaque partie se sente reconnue. Ce qui est essentiel.

A cette table, ces parties doivent sentir que la présence qui préside et qui va intervenir sera pour protéger les intérêts de l'ensemble. Que la table est un espace garant d'accueil et d'écoute de chacun, que ce soit des parties douces, vulnérables, fragiles avec une voix qui s'entend à peine et parfois même pas de voix du tout (comme le corps physique au début), assise à côté de parties bruyantes, même violentes de peur / terreur, ou de colère / jalousie qui elles vont assumer des formes et des couleurs, qui prendront toute la place.

 

 

Bref, finalement que toute cette vie à l'intérieur de nous s'assied ensemble dans un régime démocratique : chacune est libre de partager son point de vue, avec une présidence supérieure garante d'une harmonie globale, d'une volonté de paix et d'amour inconditionnel.

Cette présence supérieure, c'est notre souffle de vie qui guérit spontanément nos blessures, c'est la volonté supérieure qui nous dépasse, c'est notre âme qui accepte d'être guidé et suivre son intuition, ses ressentis physiques, émotionnels, énergétiques.

A cette table va s'orchestrer notre vie. Où va-t-on aller, avec qui, pourquoi faire ? A quel rêve, projet va-t-on consacrer du temps ? Qu'est-ce qu'on va choisir de perdre, de quitter ?

 

C'est à cette table que les grandes décisions impliquant notre âme et notre personnalité seront prises. Cette table est le support de notre libre arbitre, notre totale liberté de choisir en conscience de suivre une partie plutôt qu'une autre, celle qui aura parler le plus fort, ou bien celle qui aura couvé un besoin impérieux si longtemps que sa réaction démesurée pour le protéger va nous entraîner dans des situations potentiellement dévastatrices.

Dixit la vie brisée.

Avoir eu une vie détruite, ce sera finalement avoir eu des rêves, des projets et des désirs qui ne se sont pas réalisées ou qui ont eu une durée de vie limitée avant que tout s'effondre, tout nous soit pris.

Le rêve était-il le bon ? A-t-on donner suffisamment d'importance aux ressentis profonds, à chacune de nos parties ? Aux synchronicités que la vie nous a mis ?

Aura-t-on laisser une partie de nous prendre le contrôle et renverser la table en une dictature d'un projet qui ne nous nourrit pas ou plus ?

A-t-on forcé et contraint une ou plusieurs parties qui se sont rebellés à un moment détruisant tous les efforts pour les désirs suivis ?

A-t-on ignoré, délaissé, martyrisé des parties qui nous auraient apporté l'équilibre intérieur nécessaire à poursuivre notre projet ?

 

Ouverture :

Et même en imaginant une parfaite intégration de toutes nos parties, un dialogue harmonieux où chacun se sent reconnu pour son besoin propre, dans cette situation intérieure idéale, est-ce que tous les rêves, projets, désirs vont se réaliser et ce de manière éternelle ?

 

Un étiothérapeute m'a fait miroir et m'a dit un jour "vous vous êtes rendu compte que même si on faisait tout bien, la relation pouvait quand même se terminer".

Cela m'a fait l'effet d'une bombe.

Parce que oui, on peut devenir de plus en plus conscient de nos parties, de notre dialogue intérieur, vivant une dimension enrichie de nos expériences de vie.

Et en parallèle, le propre de la vie est le changement.

C'est elle (la vie) qui gouverne à la table à la toute fin.

Un rêve aura une temporalité, un début, une fin.

Un désir va s'explorer, puis s'évanouir, en laissant d'autres arriver.

La vie et la mort entretiennent cette relation d'amour de sorte que tout ce que la vie crée, elle l'offre en cadeau à la mort qui va le reprendre.

 

 

C'est terrible du point de vue de la volonté de la personnalité, qui on l'a vu, comprend la dimension de l'effort "si je donne tout alors je vais réussir", mais là, on lui fait comprendre que non, ce n'est pas elle qui aura le dernier mot, même si son effort nous est très utile.

Cela peut être extrêmement libérateur aussi, car quel soulagement de savoir que quelque chose de plus grand régit le grand Tout, que notre contribution est infime (mais importante) et que je peux me laisser porter par cette force naturelle de vie qui m'habite car elle, elle sait.

 

La vie détruite, c'est la perception de notre personnalité, de notre dimension qui fournit tellement d'effort pour atteindre un objectif, chercher à l'extérieur la réponse, résoudre un problème, poursuivre un désir pensant qu'il va la compléter enfin.

 

La vie construite et détruite, c'est la perception bien plus vaste de notre âme, qui sait qu'elle initiera à sa table des projets qui vont mourir, des rêves qui ne vont pas aboutir, des relations qui vont se terminer, des emplois qui changent, des personnes chères s'en aller, des maladies nous ralentir.

 

A chaque destruction, elle se rapprochera d'elle même, à chaque construction, elle forgera l'assurance de continuer à avancer dans sa direction propre.

Et à chaque pas, quelque chose d'elle même ne sera jamais altéré, blessé, atteint, meurtri, parce que ce quelque chose la régit, et c'est cette impulsion de vie initiale qui voulait éprouver toute cette construction / destruction, par curiosité de savoir ce qu'on ressentait à traverser ceci.

 

J'honore cette présence lumineuse en moi et en chacun pour savoir sans chercher, pour être sans faire, pour vibrer sans le vouloir.

 

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